Nostalgie automobile Talbot-Matra Rancho : le premier vrai SUV était français

Lorsque survient le choc pétrolier de 1974, le constructeur Matra voit les ventes de ses modèles plonger dramatiquement.

Et pour cause, l’usine de Romorantin est spécialisée dans les voitures de sport, gourmandes en carburant.

Mais le dynamique dirigeant, Jean-Luc Lagardère met ses équipes sous pression. Il doivent  absolument trouver un nouveau concept pour épauler la Bagheera dans la gamme.

Faire vite et pas cher

La solution viendra de Philippe Guédon, emblématique ingénieur de Matra qui, inspiré par le succès grandissant des motos tout-terrains ou du Range Rover, imagine un véhicule de loisirs au look baroudeur et moins onéreux qu’un vrai 4×4. Le SUV est né.

Une industrialisation efficace et peu coûteuse

Pour répondre au cahier des charges d’un véhicule pratique, habitable et pouvant rouler chargé, Guédon se tourne vers son partenaire Simca.

En effet, le constructeur de Poissy dispose dans sa gamme de la VF2, version pickup de la camionnette Simca 1100. Les pickups sont produits à Poissy puis transitent jusqu’à l’usine Matra de Romorantin.

Ici elles sont surélevées, reçoivent une cellule arrière, ainsi qu’un accastillage en matériaux composites destiné à lui donner un air de baroudeur.

Vraie personnalité

Le résultat est réussi, le Rancho a une vraie personnalité et fait oublier ses origines utilitaires.

Côté finances,  le pari est également relevé, puisqu’avec seulement 15 millions de francs, c’est le modèle le moins coûteux de l’histoire de la marque.

Mais le plus dur reste à faire, et nombreux sont les observateurs sceptiques quand à l’avenir du Rancho.

Les antibrouillard ronds protégés par une grille de protection renforcent son allure d’aventurier, tout comme les phares additionnels disposés au pied du pare-brise. Photo Matra
Les antibrouillard ronds protégés par une grille de protection renforcent son allure d’aventurier, tout comme les phares additionnels disposés au pied du pare-brise. Photo Matra

Un concept simple

C’est au Salon de Genève 1977 que le Matra Simca Rancho est dévoilé au public après des photos officielles en janvier de la même année.

Le concept est innovant, avec un décroché au niveau du toit, pouvant accueillir une galerie. Les antibrouillard ronds protégés par une grille de protection renforcent son allure d’aventurier, tout comme les phares additionnels disposés au pied du pare-brise.

Le porte-à-faux arrière surprend mais cache une volonté de proposer un véhicule dans lequel on puisse s’allonger pour dormir.

Il permet également de transporter des objets longs. Ainsi paré, le Rancho se veut l’ami des familles en week-end, des sportifs ou des bricoleurs.

Look ravageur, mécanique limitée

Si le look est ravageur, il n’en est pas de même de la mécanique reprise de la Simca 1100, et du moteur emprunté à la Simca Chrysler 1308 GT et développant 80 chevaux.

La transmission est assurée par les seules roues avant, limitant la motricité de l’engin et ses capacités en tout-terrains. Pour autant l’accueil du public est bon, en ce mois de mars 1977.

Le Rancho n’est pourtant pas au bout de ses peines, à commencer par un changement de nom de famille !

Le Rancho est dévoilé en 1977. Photo Matra
Le Rancho est dévoilé en 1977. Photo Matra

De Simca-Matra à Talbot-Matra, un patronyme compliqué

A son lancement, le Rancho qui était le fruit d’une collaboration entre Matra et Simca, sera vendu sous le nom de Matra-Simca, comme indiqué en lettres capitales sur son museau.

A l’époque, l’image de la marque est déjà brouillée par ses liens avec Chrysler, et des modèles estampillés Simca-Chrysler.

En 1979, suite au rachat des activités européennes de Chrysler par Peugeot, les Simca-Chrysler deviennent des Simca-Talbot, puis à partir de 1981, des Talbot.

Mais notre Rancho, né chez Matra se voit rebadgé Talbot-Matra. De quoi sérieusement embrouiller une clientèle en manque de repères. Pourtant, contre toute attente, le Rancho se vend, et dépasse même les objectifs fixés par Matra.

Avec les rachats entre marques, le Rancho va changer de nom, passant de Simca-Matra à Talbot-Matra. Photo Matra
Avec les rachats entre marques, le Rancho va changer de nom, passant de Simca-Matra à Talbot-Matra. Photo Matra

Un véritable succès, qui ouvre la porte à d’autres

En 1983, quand cesse la production du Rancho, il s’en est écoulé 56 442 exemplaires, bien au delà des prévisions les plus optimistes qui tablaient sur 25 000 voitures vendues.

Ces chiffres sont même à mille lieues des prévisions d’un cadre de Matra, qui lors du lancement parlait de 15 exemplaires par mois !

Le Rancho conforte la direction de Matra dans l’idée que seule l’innovation leur permettrait de survivre. C’est ce précepte qui guidera Matra vers le monospace, qui fera le bonheur de Renault sous le nom d’Espace.

Un Rancho bleu pour Brejnev

Le Rancho lui, entrera même dans l’histoire, pendant une visite officielle de Leonid Brejnev, Secrétaire général du parti communiste d’URSS et président du Soviet suprême en 1978.

L’Elysée, désireux d’offrir une voiture française à ce grand amateur d’automobile, choisit le Rancho.

Mais au moment de la remise de cadeau, stupeur ! Brejnev ne daigne même pas descendre de sa limousine. Le Rancho est vert et le vert porte malheur.

Un diplomate russe suggère le bleu. Mais cette teinte n’est pas au catalogue et c’est finalement après avoir passé une nuit en cabine de peinture, qu’un Rancho bleu aidera au réchauffement des relations entre la France et l’URSS.

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