dimanche 2 juin 2024
Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un bilan climatologique du mois écoulé. Place donc au bilan cartographié du mois de MAI 2024 en termes de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*. Les statistiques sont calculées sous la moyenne climatique officielle de la période 1991-2020.
Si ce mois de mai a semblé froid pour beaucoup d’entre nous, ce n’est en réalité pas le cas. En effet, avec un indicateur thermique national d’environ 15.5°C, le mois a été très proche des moyennes de saison, et même légèrement au-dessus à l’échelle du pays de +0.2°C. Il s’agit donc du 28e mois consécutif sans repasser sous les moyennes de saison.
Nous sommes toutefois en net retrait par rapport aux deux années précédentes, mai 2022 ayant été par ailleurs le plus chaud jamais mesuré en France (17.8°C, soit plus de 2°C plus doux que cette année).
Moyenne de l’indicateur thermique national en mai depuis 1946 – Infoclimat
Comment expliquer un tel ressenti aussi biaisé ? Premier élément : il faut regarder les statistiques jour par jour et notamment le bref coup de chaud s’étant produit autour du week-end prolongé de l’Ascension (le 11 mai ayant été le jour le plus chaud du mois, avec des températures dépassant les 30°C dans le Sud-Ouest >>). Cet épisode estival a pesé dans la balance malgré sa durée assez courte de quelques jours. Le reste du mois, les températures ont fluctué près des moyennes, voire même en dessous notamment lors de la première semaine de mai ainsi qu’au cours de la dernière décade.
Second élément statistique intéressant : les températures maximales (au meilleur de la journée) ont quant à elles été inférieures aux moyennes avec un bilan de -0.2°C. Le bilan national faiblement positif est porté par les températures minimales (+0.6°C), s’expliquant par la présence d’une importante nébulosité permettant de limiter la baisse des températures au cours de la nuit (cf. partie « Ensoleillement »). Nous pouvons donc bien affirmer que les après-midi ont été un peu plus frais que d’habitude en ce mois de mai.
Anomalie de la température quotidienne en mai 2024 en France – écart à la moyenne 1991-2020 – Infoclimat
Le troisième élément consiste à regarder les écarts en fonction des régions, et tout le monde n’a pas été logé à la même enseigne. En effet, toute la moitié Sud (hors Corse) a bel et bien vécu un mois de mai sous les normes, avec un déficit thermique compris entre -0.5°C et -1°C sur les stations principales (-0.6°C à Montpellier, -0.7°C à Tarbes, -0.8°C à Aurillac, -0.9°C à Bordeaux). Sur le réseau secondaire, le déficit est d’ailleurs localement plus important, atteignant -1.7°C à Entraygues-sur-Truyère (Aveyron) et même jusqu’à -2.0°C à Aliter (Lozère).
A l’inverse, les villes au nord de la Loire ont bien terminé au-dessus des moyennes (comme indiqué plus haut, principalement en raison des températures minimales élevées sous les nuages). Le long des côtes de la Manche ainsi qu’au nord de la Seine, cette anomalie dépasse même +1°C. Ce sont les Hauts-de-France qui pointe en tête, avec +1.4°C à Abbeville, au Touquet et à Calais, et +1.7°C à Lille. Sur le réseau secondaire, nous grimpons jusqu’à +2.1°C à Douai (Nord) ainsi que du côté des Côtes d’Armor sur la commune de Pommerit-Jaudy.
Le mois de mais a paru très morose principalement en raison d’une humidité permanente. A l’échelle nationale, nous notons un excédent pluviométrique de +55% en mai 2024.
Au cours de ce mois et notamment durant la seconde et troisième décade, notre pays a été confronté à une succession de situations de gouttes froides et de marais barométriques synonyme d’instabilité et d’humidité (>>). Au programme, de nombreux orages parfois peu mobiles et occasionnant des inondations localisées et crues éclairs (>>), mais également la formation de phénomènes tourbillonnaires dont des tornades (>>). Durant les journées des 17 et 18 mai, une goutte froide a d’ailleurs apporté des pluies exceptionnellement abondantes (>100mm en 24 heures) dans le Grand-Est et notamment sur le département de la Moselle, placé en vigilance rouge pour fortes pluies ainsi que pour crues (>>).
Seule la courte période du week-end prolongé de l’Ascension avait été plus stable et sèche. En effet, au cours de la première semaine du mois, les orages étaient également de la partie, avec deux dégradations importantes accompagnées de grêle le 1er mai en Bourgogne et Bassin Parisien (>>), ainsi que le 5 mai du Sud-Ouest au Nord-Ouest (>>).
En conclusion, la quasi-totalité du pays a dépassé (assez largement) sa norme pluviométrique mensuelle. Des Charentes au Grand-Est, en passant par le Poitou, le Centre-Val-de-Loire ou encore l’Est du bassin Parisien, les pluies ont même été parfois plus de deux fois supérieure à la moyenne (anomalie >100%) : notons par exemple +140% à Strasbourg, +146% à Cognac ou encore +170% à Nancy. Quatre stations du réseau secondaire ont même récolté trois fois la quantité de pluie habituelle, atteignant +209% à La Ferrière-Airoux (Vienne), +220% à Kappelkinger (Moselle), +245% à Volmunster (Moselle) et +293% à Berg (Bas-Rhin).
Il existe tout de même quelques (rares) secteurs qui sont restés nettement plus à l’écart de ces abondantes précipitations. Sur la moitié Nord, une zone a en effet résisté : il s’agit des Côtes d’Armor, avec un déficit atteignant -60% à Saint-Brieuc et -58% à Quintenic. La partie orientale des Pyrénées, le Roussillon, le littoral Provençal ainsi que la Corse ont également été moins arrosés que le reste du pays avec un déficit entre -10% et -30% voire même localement davantage (-31% à Hères, -40% à Ajaccio). Pour les stations secondaires, ce déficit près de la Méditerranée se creuse jusqu’à -58% à Aups (Var) et -68% à la Pointe de la Parata (Corse-du-Sud).
En termes de cumuls, ces forts excédents se traduisent par des valeurs souvent comprises entre 100 et 150mm sur une large bande allant de l’Aquitaine au Grand-Est, avec parfois des valeurs approchant ou dépassant les 200mm sur les stations principales de notre panel (186mm à Strasbourg, 188mm à Aurillac, 189mm à Biarritz, 205mm à Limoges). Trois stations secondaires ont même dépassé les 300mm au cours du mois : 333.5mm au Mont-Dore (Puy-de-Dôme), 316mm au Lioran (Cantal), et 301.9mm à Flaine (Haute-Savoie).
Nous retrouvons les cumuls les plus faibles sur les zones en déficit citées plus haut, avec des valeurs inférieures à 40mm : 39mm du côté de Perpignan, 30mm à Ajaccio, 28mm à Marseille-Marignane, 27mm à Hyères et seulement 22mm à Saint-Brieuc qui est la ville la moins arrosée de notre panel. Toutes stations confondus, les valeurs minimales sont de 14.4mm au Bec de l’Aigle (Bouches-du-Rhône) et à la Pointe de la Parata (Corse-du-Sud), puis 16.6mm au Cap Camarat (Var).
Comme indiqué, outre les pluies, le soleil aux abonnés absent a également été un facteur important expliquant ce ressenti médiocre. Pour ce mois de mai 2024, le déficit d’ensoleillement a atteint -18% sur notre panel national.
Sur les villes déjà fortement arrosées, ce déficit est d’ailleurs encore plus marqué. Auvergne, Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Centre-Val-de-Loire, Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Compté, Picardie ou encore Grand-Est, toutes ces régions ont observé un bilan d’ensoleillement largement déficitaire de -20 à -35% (-23% à Paris, -32% à Melun et Charleville-Mézières, -33% à Nevers, -39% à Limoges).
Il fallait se rendre près des côtes de la Manche ou encore sur le littoral Provençal pour se rapprocher de valeurs d’ensoleillement plus conformes à la moyenne habituelle d’un mois de mai. Sur la Côte d’Azur, en Corse, Morbihan et Côtes d’Armor, plusieurs villes ont même réalisé l’exploit de dépasser leur moyenne avec +3% à Lorient, +4% à Nice et Saint-Brieuc, et +10% à Ajaccio.
Alors que nous nous rapprochons progressivement du solstice d’été et du maximum de durée d’ensoleillement, bien rares sont les villes a avoir dépassé les 180 heures cumulées de soleil au cours du mois de mai. En Auvergne, Limousin, sur le Bassin Parisien, Picardie et Ardennes, la grisaille ambiante n’a pas permis de dépasser de façon franche les 150 petites heures de soleil : 154h à Paris, 150h à Orléans, 145h à Clermont-Ferrand, 137h à Nevers, 134h à Charleville-Mézières, 125 heures à Limoges. Les secteurs de montagne, souvent dans le brouillard, sont d’ailleurs à la traine avec parfois moins de 100 heures (seulement 99 heures à Chastreix dans le Puy-de-Dôme, et 95 heures en Haute-Savoie au Grand-Bornand).
A l’inverse, la barre des 200 heures a été atteinte localement sur certaines villes Bretonnes ou du littoral de la Manche (204h à Cherbourg, 220h à Lorient). Mais c’est comme régulièrement dans l’extrême Sud-Est, près de la Méditerranée, où vous avez pu profiter d’un ensoleillement bien plus généreux, parvenant à dépasser les 250 heures au total : 281h à Nice, 296h à Marseille-Marignane, 309h pour l’Ile du Levant (Var) et même un maximum de 319 heures pour Ajaccio (les deux seules stations au niveau national à avoir atteint les 300h en mai).
Récapitulatif :
* PANEL DE 73 STATIONS
Température – pluviométrie – ensoleillement :
Agen, Ajaccio, Albi, Alençon, Angers, Aurillac, Bastia, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Brive, Caen, Calais, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Châteauroux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Le Touquet, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Saint-Dizier, Saint-Auban, Saint-Geoirs (Grenoble), Saint-Girons, Saint-Quentin, Strasbourg, Rouen, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.
Température – pluviométrie (absence partielle ou totale de données d’ensoleillement) :
Abbeville, Hyères, Lille, Metz, Romorantin.
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